Masse de neige dévalant une pente de montagne, telle est l’acception communément admise pour le phénomène naturel qui définit une avalanche. Plus scientifiquement, on pourra parler de mouvement gravitaire complexe et rapide, avec une vitesse variant de quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres par seconde, d’une masse de neige pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines de milliers de m³.
Définition du phénomène
Une avalanche correspond à un déplacement rapide d’une masse de neige sur une pente, provoqué par une rupture d’équilibre du manteau neigeux.
Sur un versant, la neige accumulée forme une couche hétérogène dont l’équilibre est plus ou moins précaire.
Cet équilibre dépend de multiples facteurs parmi lesquels la qualité de la neige, l’inclinaison de la pente, la nature du sol, la présence de végétation. Il peut se rompre spontanément, du fait de l’évolution de la neige ou à la suite d’une perturbation extérieure comme le passage d’une personne.
Lorsque l’équilibre du manteau neigeux est rompu, un volume variable de neige (de quelques dizaines de mètres cubes à plusieurs centaines de milliers de mètres cubes) se met en mouvement et se propage sous l’effet de la gravité : c’est l’avalanche.
Quels sont les différents types d’avalanche ?
Il existe dans la littérature un très grand nombre de locutions pour désigner et classifier les avalanches : on les classe selon le type de neige, la forme de la cassure, la saison, etc. La plupart des termes usités en France proviennent des pratiquants de la montagne, skieurs et alpinistes : avalanche de poudreuse, de plaque, [ ... ].
Pour les effets en fond de vallée, on distingue souvent trois types principaux d’écoulement :
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Les avalanches en aérosol
Ces avalanches sont constituées d’un nuage formé d’air et de neige (l’aérosol) qui dévale une pente à des vitesses pouvant atteindre 400 km/h.
À l’avant de ces avalanches se développent des ondes de choc qui peuvent être très destructrices. La trajectoire des avalanches en aérosol n’est pas déterminée uniquement par le relief et elles peuvent remonter sur le versant opposé.
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Les avalanches coulantes ou denses
Ces avalanches sont formées par de la neige qui coule sur un versant ou dans un couloir. Cet écoulement est beaucoup plus lent (rarement plus de 100 km/h).
Du fait de leur masse volumique importante, elles développent des pressions généralement supérieures à celles d’un aérosol ; leurs effets peuvent être comparés à ceux d’un bulldozer raclant le sol et poussant tout sur son passage.
Les avalanches coulantes sont les plus nombreuses parmi celles observées en France. Elles sont formées de neige humide et dense.
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Les avalanches de plaques
Elles sont générées par la rupture et le glissement d'une ou plusieurs plaques. Elles se forment par cause de vent qui vient déplacer une couche faible du manteau neigeux. Lorsque la cohésion de la neige est forte, la plaque est dure et composée de blocs de neige. En revanche, lorsque la cohésion est faible, la plaque est friable et les blocs se disloquent rapidement.
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Les avalanches mixtes
Ces avalanches comportent à la fois un aérosol important et un écoulement notable de type avalanche coulante. Sous nos latitudes, les avalanches de grande ampleur sont souvent des avalanches mixtes.
Quels sont les différents niveaux de risque d’avalanches ?
Pour votre information, sont affichés sur les lieux de passage les plus fréquentés le bulletin météorologique et le bulletin sur le risque d’avalanches pour ceux qui souhaiteraient pratiquer le hors-piste. Un drapeau hissé sur un mât rappelle le niveau de risque indiqué dans le bulletin sur le risque d’avalanches.
À compter de la saison hivernale 2016-2017, l'information sur le risque d'avalanche évolue : des pictogrammes européens sont progressivement utilisés dans les stations pour compléter ou remplacer les drapeaux d'avalanche.
(*) Les caractéristiques de ces pentes sont généralement précisées dans le bulletin : altitude, orientation, topographie
(**) Surcharge indicative :
- forte : par exemple, skieurs groupés, engins de damage, explosifs
- faible : par exemple skieur isolé, piéton
(***) Pentes particulièrement propices aux avalanches en raison de leur déclivité, la configuration du terrain, la proximité de la crête
Le terme « déclenchement » concerne les avalanches provoquées par surcharge, notamment par le(s) skieur(s).
Le terme « départ spontané » concerne les avalanches qui se produisent sans action extérieure.
Il faut consulter les bulletins d’estimation du risque d’avalanches si vous prévoyez de skier hors des pistes. Ils sont disponibles chaque jour à 16h et indiquent :
- la nature et l’intensité du risque d’avalanches et son évolution au cours des prochaines 24 heures ;
- l’altitude et l’orientation des pentes les plus dangereuses ;
- les conditions d’enneigement sur le massif en versant nord et sud, les chutes récentes à 1800 mètres, la qualité de la neige en surface ;
- un aperçu météo pour la journée.
Les bulletins d’estimation du risque d’avalanches sont également disponibles sur les applications mobiles de Météo-France (iOS, Android, Windows).
Pour plus d'informations, consultez le site internet de météo France dédié : https://meteofrance.com/meteo-montagne
Évaluation de l’aléa
En zone de montagne, le déclenchement d’une avalanche se traduit par la présence simultanée d’un manteau neigeux et d’un ou plusieurs éléments déclencheurs. Par exemple, la présence dans le manteau d’une couche de neige fragile ou d’une surface de glissement potentielle, sont des facteurs favorisant le déclenchement.
L’influence des facteurs naturels
Elle tient compte des effets liés aux conditions météorologiques, à ceux provenant de la topographie et à la surcharge du manteau neigeux.
=> Les effets des conditions météorologiques
- Les chutes de neige
Elles peuvent engendrer des avalanches dès lors que la solidité de la nouvelle couche apparaît insuffisante ou soit parce qu’elle va surcharger le manteau neigeux. L’épaisseur de la nouvelle couche est un élément déterminant pour le déclenchement d’une nouvelle avalanche : plus la chute est abondante et plus son effet sera marqué. L’intensité est également primordiale : une chute de 30 cm de neige en 6 heures constitue un facteur de déstabilisation bien plus important que la même chute répartie sur 48 heures.
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L’élévation des températures
Lorsque la température augmente, la teneur en eau liquide dans le manteau neigeux est importante, en résulte un accroissement de la densité de neige. Si l’élévation des températures est rapide, une avalanche a de grande chance de se déclencher. À l’inverse, si la progression à la hausse du mercure se fait plus lentement, le manteau neigeux se stabilise.
Le manteau neigeux évoluera plus rapidement sur les versants sud et ouest des massifs montagneux car ceux-ci bénéficient d’un ensoleillement plus important. La neige se transforme fortement sous l’effet de la chaleur.
- Le froid
Le froid peut maintenir le manteau neigeux dans le cas où celui-ci est constitué de neige mouillée ou humide. Son action va alors provoquer le gel de l’eau présente entre les grains de neige et les souder entre eux. Une « croûte de regel » se forme ainsi dont l’épaisseur peut atteindre quelques dizaines de centimètres. Par conséquent, le manteau neigeux se trouve consolidé durablement. Dans le cas contraire, lorsque la neige apparaît sèche, une vague de froid va avoir tendance à ralentir le tassement du manteau neigeux. Celui-ci n’est plus stable et l’avalanche peut subvenir.
- L’action des vents dominants
Le vent peut déplacer la neige et l’accumuler en quantité importante lors de sa chute ou après son dépôt. Il entraîne une action mécanique sur la neige ce qui génère des couches de neige compactes et cassantes appelées « plaque à vent ». Leur épaisseur et leur qualité peuvent varier.
=> Les effets liés à la topographie
Les avalanches peuvent se déclencher sur n’importe quel versant ou n’importe quel couloir. Cependant, les sites avalancheux présentent souvent des caractéristiques communes à savoir : la pente, la surface, le relief et la nature du sol, le couvert végétal.
Sont identifiés, généralement, une zone de départ ou d’accumulation, une zone d’écoulement ou de transit ainsi qu’une zone d’arrêt ou de dépôt.
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La pente
Les avalanches surviennent le plus souvent sur des pentes comprises entre 25 ° et 55 °.
Si la pente est supérieure à 55 °, de petites coulées se forment régulièrement et purgent le versant. Sauf dans des conditions nivologiques (relatif à l’état de la neige) et météorologiques particulières, la neige ne peut s’accumuler en quantité suffisante pour que des avalanches importantes se déclenchent.
Si la pente est faible, la gravité n’a pas une action suffisante pour déclencher l’avalanche sauf si la neige présente des caractéristiques particulières (cas d’une neige gorgée d’eau par exemple).
Les variations de pente peuvent également jouer un rôle essentiel. Les profils convexes se traduisent par des tensions importantes dans les couches superficielles du manteau neigeux. Ces tensions favorisent la rupture du manteau et le déclenchement de l’avalanche.
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La surface
La quantité de neige qui pourra former l’avalanche dépend de la surface de la zone d’accumulation. Plus cette zone est vaste et plus la quantité de neige qui pourra dévaler la pente sera importante.
- Le relief et la nature du sol
La stabilité du manteau neigeux est également conditionnée par la présence de points d’appui en bas de la pente. Ceux-ci peuvent avoir un effet d’ancrage sur le manteau neigeux. Selon la nature du sol (rocher, pente herbeuse, …) sa rugosité est plus ou moins grande.
Les sols constitués de blocs rocheux offrent une grande rugosité. Ils participent à la stabilisation du manteau neigeux ou au moins des couches profondes de ce manteau.
La présence d’eau à la surface du sol, dans les zones humides, les marais ou près d’une source, favorise le glissement du manteau neigeux : l’eau joue, à ce moment là, son rôle de lubrifiant. Elle peut aussi participer à la métamorphose des couches de neige qui sont à son contact.
- Le couvert végétal
Selon le type de végétation présente, celle-ci peut stabiliser le manteau neigeux ou, au contraire, favoriser sa rupture ou son glissement.
La présence d’une forêt dans la zone d’accumulation stabilise le manteau neigeux. Les arbres agissent en retenant mécaniquement la neige sur le versant, mais il faut que la forêt soit dense et les troncs assez gros.
La neige qui tombe sur les arbres se transforme plus vite et, en tombant au sol par paquets, modifie la structure du manteau neigeux et le rend plus résistant.
Les arbres à feuillage persistant ont un effet beaucoup plus marqué, car la neige tombe des branches par paquets plus importants.
Les arbustes peuvent favoriser des transformations du manteau neigeux, accentuées par l’air accumulé dans la végétation courbée par la neige, ou ralentir son tassement et diminuer sa résistance.
Si la forêt n’est pas implantée dans la totalité de la zone d’accumulation, des avalanches peuvent se déclencher au-dessus de la zone boisée. Si l’enneigement est suffisant, l’avalanche peut alors raser la forêt.
Les lisières et les zones de forêt très claires sont des zones dangereuses : les arbres ne stabilisent pas suffisamment le manteau neigeux et peuvent donner un faux sentiment de sécurité aux randonneurs.
=> Les effets liés aux surcharges
Les surcharges sur le manteau neigeux peuvent avoir plusieurs origines, naturelles ou non. De façon plus ponctuelle, le passage d’un animal ou d’un skieur contribue également à l’épaissir. Enfin, le déclenchement artificiel d’avalanches sur les domaines skiables, en créant une surpression dans l’air due à l’explosion, peut déclencher une autre avalanche.
L’influence des facteurs anthropiques (d’origine humaine)
Les hommes jouent un rôle prépondérant dans le déclenchement des avalanches même si celles-ci sont très fréquentes en zone de montagne.
Lors des activités hivernales hors domaine skiable (ski hors-pistes, ski de randonnée, raquettes), les pratiquants peuvent se trouver à l’origine d’une avalanche. Mais il s’agit là de responsabilités individuelles vis-à-vis du milieu montagnard ; chacun doit apprendre à connaître ce milieu spécifique et à savoir s’en protéger (cf. conseils sur l’utilisation des ARVA dans le chapitre consacré aux moyens de protection).
Évaluation du risque
Les dégâts causés par les avalanches concernant principalement les personnes et les biens. L’artificialisation et l’aménagement des zones de montagnes, notamment dans les grandes stations de ski, ont conduit à augmenter sensiblement leur exposition.
L’évaluation du risque « avalanche » passe aussi par la prise en compte des évènements historiques passés.
Les atteintes aux hommes et aux biens
Le risque d’avalanche s’avère prépondérant tout au long de la saison hivernale qui se déroule entre les mois de décembre et mars. Son intensité est variable dans le temps et dans l’espace.
Trois domaines présentent une forte vulnérabilité humaine vis-à-vis des avalanches : les terrains où sont pratiqués les sports d’hiver, les zones habitées et les voies d’accès aux stations.
=> Les domaines skiables et les zones hors-piste
Leur sécurité relève de la responsabilité conjointe de l’exploitant et du maire, ce dernier peut décider de la fermeture des pistes menacées et activer le Plan Communal de Sauvegarde (PCS) afin d’évacuer les populations des zones impactées.
=> Les zones habitées
Des travaux de réduction de la vulnérabilité des habitations peuvent être réalisés après un diagnostic permet de mesurer si le coût n’est pas disproportionné pour la commune. Un financement par les services de l’État est possible au titre du fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM) dit « Fonds Barnier ». Pour cela, la commune doit être couverte par un plan de prévention des risques naturels (PPRN).
=> Les voies de communication
La gestion des voies d’accès aux stations en fonction de leur type (routes nationales, départementales ou voiries communales) relève de la compétence soit de l’État, soit des départements ou soit des communes.
Les conséquences environnementales
S’agissant d’un phénomène naturel, les avalanches contribuent à modifier les zones où elles surviennent. Elles peuvent ainsi endommager les zones d’exploitation forestière créant un risque de déclenchement d’une nouvelle avalanche ou d’un glissement de terrain au moment de la fonte des neiges.
Une avalanche lourde augmente la probabilité que le sol soit emporté sur des épaisseurs importantes générant ainsi des affaissements et des crevasses.
La mémoire du risque
Dans le monde, hors accidents consécutifs à la pratique des sports de montagne, les avalanches sont les catastrophes naturelles les moins meurtrières avec environ 500 victimes annuelles. En France, les accidents sont aujourd’hui, dans plus de 95 % des cas, liés aux activités de loisirs. Ces drames restent rares au vu du nombre d’usagers de la montagne avec une trentaine de décès par an environ.
Date |
Localisation |
Conséquences |
1904 |
Col de la Pare, vallée de l’Ubaye |
6 militaires tués |
1972 |
Massif du Combal à Larches |
4 habitations détruites |
2006 |
Uvernet-Fours |
2 skieurs décédés |
2006 et 2008 |
Saint-Paul-sur-Ubaye |
Coupures fréquentes de la RD 902 |
2007 |
Saint-Paul-sur-Ubaye |
4 personnes emportées dont 1 décédée et 2 blessées |
2012 |
Saint-Paul-sur-Ubaye |
1 personne décédée |
2013 |
Col saint Jean |
1 pisteur tué |
2014 |
Praloup |
1 personne décédée |
2015 |
Le Vernet |
1 skieur de randonnée tué |
2022 (05 décembre) |
Enchastrayes |
2 personnes emportées dont 1 décédée |
2023 (09 janvier) |
Lieu-dit « Bec de l’Aigle » commune de Val d’Oronaye |
8 personnes emportées dont 6 ensevelies et 1 victime |
Date |
Localisation |
Conséquences |
1946 |
Ristolas |
6 morts et nombreuses habitations détruites |
1971 (09 avril) |
Col de Girardin commune de Ceillac |
5 randonneurs à ski tués |
1991 (13 février) |
Pic de Malrif commune d’Abriès |
9 victimes |
1998 (23 janvier) |
Crots |
11 randonneurs raquettes tués |
2000 (23 février) |
Station de Prapic commune d’Orcières |
6 personnes décédées |
2006 (31 janvier) |
Pic de Bure à Saint-Étienne-en-Dévoluy |
3 personnes tuées |
2008 (14 au 18 décembre) |
Massifs du Queyras et vallée de la Clarée |
Routes coupées, réseaux HS, population évacuée de manière préventive |
2009 (13 avril) |
Pointe Joanne, commune de Ristolas |
9 personnes ensevelies dont 3 sont décédées, rupture de la plaque friable reposant sur une neige sans cohésion |
2015 (24 janvier) |
Vallon du Bachas commune de Ceillac |
6 victimes |
2015 (15 septembre) |
Dôme des Écrins commune de Pelvoux |
7 alpinistes tués |
2019 (14 décembre) |
Vars |
1 skieur décédé |
2022 (04 novembre) |
Ceillac |
1 victime ensevelie |
2022 (10 décembre) |
Vars |
1 skieur hors piste victime |
2022 (17 décembre) |
La Grave |
3 personnes emportées |
2023 (06 février) |
Le Monêtier-les-Bains |
4 personnes emportées dont 1 décédée |
Date |
Localisation |
Conséquences |
1971 |
Belvédère |
Destruction du chalet de l’escalade |
1972 (février) |
Isola |
Baraques de chantier emportées |
1972 (décembre) |
Tête de Cabane (Isola 2 000) |
8 hommes ensevelis dont 2 victimes |
1985 (janvier) |
Tête de Cabane (Isola 2 000) |
2 skieurs emportés dont 1 décède |
1986 (janvier) |
Station de la Colombera à Tende |
Dégâts sur une maison |
1997 (02 janvier) |
Saint-Étienne-de-Tinée |
Combe grosse et immeubles Saint-Clair atteints sans dégâts et sans victime |
2005 (mars) |
Saint-Étienne-de-Tinée |
1 victime |
2008 (24 décembre) |
Saint-Étienne-de-Tinée |
5 maisons du hameau du Cialancier détruites ou endommagées, route RM 2 265 coupée, dépôt de sel détruit, accès à Isola 2 000 fermé quelques jours |
2014 (décembre) |
Saint-Étienne-de-Tinée |
2 skieurs blessés et une victime |
2018 (mars) |
Entraunes |
4 personnes décédées et 1 blessé |
2019 (mai) |
Saint-Martin-Vésubie |
1 victime |
La maîtrise de l’urbanisation et des aménagements
Les Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN) ont été institués par la loi du 02 février 1995 dite « loi Barnier ». Ils valent servitude d’utilité pulbique et sont annexés au plan local d’urbanisme (PLU). Ils sont réalisés par les services de l’État des départements pour le compte du Préfet. Ils participent à limiter l’impact des risques sur les enjeux existants et peuvent imposer des mesures de réduction de la vulnérabilité des personnes et des constructions. Pour le risque avalanche, ces mesures sont la réduction des ouvertures du côté de la pente avalancheuse ou les dispositions concernant l’usage du sol.
Les PPRN intégrant le volet avalanche s’appuient sur deux cartes :
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la description des aléas qui peut partir de la Carte de Localisation des Phénomènes Avalancheux (CLPA) ainsi que des études spécifiques réalisées par les services de restauration des terrains en montagne (RTM) ;
-
la carte des zonages qui distingue le plus souvent une zone rouge où, d’une manière générale, toute construction est interdite car les aléas y sont forts et les enjeux nombreux, une zone bleue où sont autorisées les constructions sous réserve de prescriptions à respecter et une zone blanche non soumise aux avalanches.
Dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes, ces PPRN sont tous multirisques car ils intègrent aussi le risque inondation par crue torrentielle, les mouvements de terrain (chutes de blocs, éboulements, glissements de terrain) voire parfois les risques séisme et / ou feux de forêt.
L’état d’avancement des PPRN avec volet avalanche pour les trois départements alpins est le suivant :
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Département des Alpes-de-Haute-Provence : 10 PPRN multirisques approuvés et 1 en cours de révision ;
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Département des Hautes-Alpes : 57 PPRN multirisques approuvés et 3 prescrits ;
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Département des Alpes-Maritimes : 4 PPRN mono risques approuvés, 5 PPRN multirisques approuvés et 1 prescrit.
La Prévention
La prévention regroupe l’ensemble des dispositions à mettre en œuvre pour réduire l’impact d’un phénomène naturel prévisible sur les personnes et les biens.
L’Enquête Permanente Avalanche (EPA)
Fin du XIXème siècle : arbres abattus, constructions endommagées, routes coupées, morts, les avalanches font énormément de dégâts et de victimes. Paul Mougin, Ingénieur des Eaux et Forêts, souhaite identifier ces problèmes pour tenter de les résoudre. De leur connaissance “scientifique”, pense-t-il, viendra la solution. Dans son esprit germe l'idée d'un système général d'observation des avalanches.
En 1900, une chronique des événements avalancheux voit le jour en Savoie, l'enquête permanente sur les avalanches (EPA) est née.
Reprise dans les années 1920 dans les départements des Alpes du Nord (Isère, Savoie et Haute-Savoie) et des Hautes-Alpes, elle s'étend depuis 1965 à l'ensemble des massifs des Alpes et des Pyrénées, sur un grand nombre de sites sélectionnés. Même s‘il existe de nombreuses informations dans des archives historiques locales, l'EPA est à ce jour le seul dispositif régulier d'observation des avalanches en France. Elle donne accès à un inventaire, le plus complet possible, des événements d'avalanche ayant eu lieu sur les sites observés pendant la saison hivernale. 90 000 événements sont disponibles grâce à cet inventaire pour le moins unique.
=> Pour en savoir plus et accéder à la liste des évènements pour chaque département alpin et pyrénéen, rendez-vous sur la rubrique dédiée sur le site internet « https://www.avalanches.fr/ » : https://www.avalanches.fr/epa_presentation-donnees/
Les Cartes de Localisation des Phénomènes d’Avalanche (CLPA)
10 Février 1970 : à Val d'Isère, une avalanche tue 39 adolescents dans un centre UCPA. À l'heure de l'essor des sports d'hiver, cette catastrophe bouleverse l'opinion publique. Le gouvernement doit réagir. Une carte inventaire de tous les sites d'avalanche est mise en place sur décision du Conseil des Ministres. La carte de localisation des phénomènes d'avalanche (CLPA) est née. Sur fond de carte au 1/ 25 000, les emprises maximales des avalanches connues sont reportées.
Véritables enregistrements des savoirs locaux, l'EPA et les CLPA sont basées sur l'observation des sites d'avalanches et sur le recueil de témoignages.Toutefois, leur utilisation connaît des limites : en effet, la mémoire de certains événements est imprécise ou perdue. Certains autres peuvent même être totalement inconnus. De plus, des événements ne s'étant jamais produits jusqu'à maintenant peuvent survenir dans le futur ! Cependant, ce sont des outils indispensables à la connaissance de l'aléa et la gestion du risque, même si ils ne sont pas suffisants pour résoudre tous les problèmes causés par les avalanches.
La stabilisation du manteau neigeux
Pour stabiliser le manteau neigeux dans les zones d’accumulation, on a recours soit à la construction d’ouvrages, soit à des plantations de résineux. Les ouvrages les plus utilisés sont les râteliers, les claies et les filets. Ils ont pour but de fixer le manteau neigeux, limitant ainsi les risques de rupture et donc de déclenchement de l’avalanche. Le reboisement est une action de protection à long terme. Le service de restauration des terrains en montagne (RTM), chargé de ce type de travaux, utilise des essences de résineux variées selon l’altitude et le sol concerné. Pour la région PACA, il s’agit essentiellement des pins sylvestre, pins d’Alep ou pins noirs mais aussi des cèdres et des mélèzes. Le reboisement s’accompagne souvent de travaux de terrassement.
Le déclenchement préventif des avalanches
Ce dispositif est largement utilisé pour la protection des domaines skiables et des routes. Les petites avalanches, qui sont générées, viennent purger les zones de départ afin d’éviter l’accumulation d’une couche de neige importante permettant ainsi la survenue d’une avalanche majeure. Après chaque chute de neige, les pisteurs-artificiers provoquent des explosions dans les zones d’accumulation pour déstabiliser le manteau neigeux.
Les différents dispositifs de déclenchement utilisés sont les suivants :
-
charges explosives déposées à ski ou transportés par un câble survolant les zones de départ appelé « Catex » pour câble transporteur d’explosif ;
-
dispositif à gaz détonnant de type « Gazex® » ou « Avalex® » ;
-
lanceurs pneumatiques appelés « avalancheurs » qui envoient une flèche explosive ;
-
charges déposées par hélicoptère mais le coût s’avère plus élevé.
Le déclenchement artificiel des avalanches est régi par un plan d’intervention pour le déclenchement des avalanches (PIDA). Celui-ci définit les procédures de déclenchement et de mise en sécurité des sites concernés. Il est aussi utilisé comme moyen de sécurité et d’alerte pour les usagers.
Les moyens de protection
On distingue deux types de protection : les protections temporaires et les protections permanentes. Les premières regroupent les dispositifs d’évacuation, de consignation et d’interdiction. Les secondes correspondent aux dispositifs d’arrêt ou de déviation des avalanches qui constituent la protection passive. Les personnes peuvent par ailleurs bénéficier d’une protection individuelle notamment utile pour les sorties hors pistes sécurisées.
Les protections temporaires
Dans des conditions exceptionnelles d’enneigement, des mesures d’évacuation ou d’interdiction peuvent être prises par le maire ou par le Préfet de département. Cela peut aller jusqu’à la fermeture de routes de montagne.
En cas de risque d’avalanche sur le domaine skiable, les services des pistes des stations de sport d’hiver ferment l’accès aux secteurs menacés.
Les protections permanentes
Celles-ci servent à la fois pour arrêter ou pour dévier une avalanche au niveau de la zone d’arrêt. Elles regroupent les digues, les déflecteurs et les ouvrages freineurs.
=> Les digues
Elles sont constituées de remblais qui barrent la trajectoire de l’avalanche et contre lesquels cette dernière vient buter en fin de course.
=> Les déflecteurs
Ils sont destinés à détourner l’avalanche dans les zones vulnérables. Ils prennent la forme de remblais ou de murs disposés obliquement par rapport à la trajectoire de l’avalanche. Des entraves sont parfois installées pour scinder les avalanches à l’amont des zones à protéger.
=> Les ouvrages freineurs
Ils agissent en ralentissant l’avalanche dans la zone d’arrêt. Les routes sont parfois protégées par des galeries paravalanches qui facilitent le passage de l’avalanche au dessus de la zone de circulation. Leur efficacité est limitée car dès la première avalanche, ils sont comblés donc leur rôle ne peut plus être assuré ensuite.
La protection individuelle
Elle s’applique aux pratiquants de ski hors piste qui doivent se munir d’un équipement individuel de sécurité. Il s’agit de l’appareil de recherche de victimes d’avalanche (ARVA).
Les conditions météorologiques et nivologiques ( état de la neige) détermineront si la sortie en montagne s’avère envisageable ou doit être reportée. En fonction de la difficulté du parcours, il est conseillé de recourir à des professionnels de la montagne.
=> Fonctionnement de l’ARVA
L’ARVA est un émetteur-récepteur qui permet de repérer plus facilement une personne ensevelie sous une avalanche. Pour faciliter la recherche, il faut se munir d’une pelle pour dégager la ou les victimes et d’une sonde pour les localiser précisément.