La totalité des six départements de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur est concernée par le phénomène mouvements de terrain. Les départements alpins sont bien sûr particulièrement exposés à ce type de phénomènes, ce qui nécessite souvent des travaux coûteux de protection. Mais les départements côtiers ne sont pas épargnés, notamment par les phénomènes de retrait-gonflement des sols argileux, les affaissements de terrains suite à des effondrements de cavités souterraines d’origines naturelles ou minières, et les phénomènes d’érosion des falaises côtières (voir chapitre érosion côtière).
Une campagne d’inventaire des événements “mouvements de terrain” sur le territoire régional a permis d’enrichir une base de données BD Mvts construite par le BRGM avec le LCPC puis le CEREMA et les Services RTM. Ces événements ont été référencés dans une base de données publique diffusée en libre accès sur internet sur Géorisques. Ces données sont également accessible sur l'outil de cartographie interactive RiskPACA de l'ORRM. On y trouvera également des informations sur les cavités souterraines et les carrières et mines en région PACA.
Le phénomène de retrait-gonflement des argiles a lui aussi été étudié et cartographié sur les départements de la région PACA dans le cadre de financements du Ministère de l'Écologie (aujourd'hui ministère de la Transition Écologique), et en partenariat avec les DDT(M) et les Préfectures. Ces cartographies ont servi de base à la réalisation des PPR. La carte d'aléa a évolué en une carte d’exposition du territoire au phénomène de retrait-gonflement des argiles qui a pour but d’identifier les zones exposées au phénomène où s’appliqueront les dispositions réglementaires introduites par l'article 68 de la loi ELAN.
Dans le cadre du Contrat de Projet Etat-Région, le BRGM, en partenariat avec notamment la DREAL le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d'Azur, et d'autres partenaires, a réalisé un certain nombre d’études d’amélioration de l’état des connaissances des phénomènes mouvements de terrain et de leur emprise sur la région PACA depuis les 20 dernières années. On citera pour les plus récentes :
- La cartographie de l’aléa mouvements de terrain au 1/100 000e sur l'ensemble de la région qui doit permettre d’orienter les futurs travaux sur les zones prioritaires ;
- Les cartographies de l’aléa retrait-gonflement des sols argileux, aujourd'hui revues par le Ministère en cartes d'expositions au phénomène (Loi ELAN) ;
- Une cartographie du risque chute de blocs au 1/25 000e sur les terrains du Conservatoire du Littoral de la Côte Bleue suivant les dernières recommandations d'experts nationaux réunis dans groupe de travail MEZAP, et ayant pour objectif de minimiser les accidents sur ce territoire.
Définition du phénomène
Les mouvements de terrain regroupent un ensemble de déplacements, plus ou moins brutaux, du sol ou du sous-sol, d'origine naturelle ou anthropique. Les volumes en jeu sont compris entre quelques mètres cubes et quelques millions de mètres cubes. Les déplacements peuvent être lents (quelques millimètres par an) ou très rapides (quelques centaines de mètres par jour). Parmi ces différents phénomènes observés, on distingue en région Provence-Alpes-Côte d’Azur :
- les glissements de terrain ;
- les coulées de boue ;
- les éboulements, chutes de pierres et de blocs ;
- les affaissements de terrain et les effondrements de cavités ;
- le retrait-gonflement des sols argileux.
À l’exception du retrait-gonflement des sols argileux, les mouvements de terrain sont dits "gravitaires” c’est-à-dire qu’ils ont pour moteur principal la force de gravité, la pesanteur.
Glissements de terrain
Eboulements et chutes de blocs
Effondrement et affaissements
Coulées de boue
Retrait-gonflement des argiles
Evaluation de l'aléa
L’évaluation de l’aléa est à l’heure actuelle la composante principale du risque mouvements de terrain. Elle repose sur l’estimation de la probabilité d’occurrence du phénomène dans des délais donnés, et de l’intensité possible du phénomène. La probabilité d’occurrence peut-être évaluée en estimant la prédisposition du site aux mouvements de terrain qui dépend de nombreux facteurs d’instabilité (nature géologique, pente, hydrogéologie, etc.) et des signes d’activité observés. L’intensité est le plus souvent évaluée de manière indirecte en fonction de l’importance des parades à mettre en oeuvre pour traiter le risque.
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Plusieurs méthodes existent pour qualifier l’aléa : l’analyse par expertise, l’analyse statistique et l’évaluation déterministe basée sur un modèle de stabilité. Le choix de la méthode dépend de la qualité et de la quantité des données disponibles, des délais et des moyens disponibles, des objectifs de l’évaluation, des enjeux. Les deux premières méthodes ne tiennent pas compte des facteurs déclenchants. L’approche déterministe nécessite de disposer d’une grande quantité de données.
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En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, il existe plusieurs cartographies de l’aléa mouvements de terrain établies à des échelles variant du 1/500e au 1/1 000 000e. Le choix de l’échelle de cartographie dépend des objectifs de l’évaluation de l’aléa (aménagement du territoire, établissement des PPR, préparation à la gestion de crise, information du public). La cartographie de l’aléa à l’échelle régionale ou départementale permet de délimiter les bassins de risque et d’orienter l’évaluation locale de l’aléa sur les secteurs prioritaires.
Depuis quelques années, un groupe d'experts nationaux (groupe de travail MEZAP) réuni sous l’autorité du Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie travaille sur la détermination d’une MÉthodologie de Zonage de l’Aléa chute de Pierres, et est piloté par INRAe (ex. IRSTEA). L'objectif est de proposer une méthodologie d’évaluation de l’« aléa rocheux » dans le cadre de la mise en œuvre d’un Plan de Prévention des Risques naturels (PPRn). Un guide (note) technique décrivant la méthodologie à suivre pour évaluer et cartographier l’aléa chute de blocs à l’échelle communale (échelle de rendu à 1/5 000 à 1/10 000 généralement) a été produit en 2021.
Principes généraux d'évaluation de l'aléa mouvements de terrain
L’aléa mouvements de terrain peut être défini comme la probabilité d’occurrence d’un événement mouvements de terrain d’intensité donnée dans une zone donnée sur une période de référence donnée.
Les deux composantes de l’aléa sont :
- la probabilité d’occurrence du phénomène dans des délais donnés ;
- l’intensité du phénomène potentiel.
Le niveau d’aléa s’obtient en combinant les facteurs de probabilité d’occurrence et d’intensité du phénomène potentiel.
La probabilité d’occurrence temporelle
La prévision de la date de déclenchement d’une instabilité de terrain est très rarement possible car elle dépend de facteurs permanents imparfaitement connus et de facteurs déclenchant non prévisibles avec certitude (pluies, séismes, vibrations, activités humaines, etc.).
En pratique, la probabilité d’occurrence est la plupart du temps estimée de façon qualitative (faible, moyenne, forte, très forte) en évaluant la prédisposition du site à un phénomène donné en fonction des facteurs permanents d’instabilité.
Cette probabilité est donnée en fonction d’une échéance (ex : pour les PPR mouvements de terrain, la période de référence est le siècle).
Intensité du phénomène potentiel
C’est l’expression de la violence ou de l’importance d’un phénomène potentiellement réalisable.
Elle est le plus souvent définie non pas de façon directe en fonction des paramètres physiques du phénomène (volume, vitesse, superficie, profondeur, etc.) mais de façon indirecte en fonction :
- du nombre de victimes potentiel : la gravité ;
- des dommages possibles : l’agressivité ;
- du coût des parades à mettre en oeuvre : la demande de prévention potentielle.
Exemple d'échelle conventionnelle d'intensité (source : Guide LCPC) ->
La notion d’aléa de référence
Pour prévoir au mieux le phénomène qui pourrait se produire et dont il faut protéger les populations et les biens concernés, il convient de déterminer pour chaque type de mouvement de terrain le phénomène de référence susceptible de se produire sur un secteur homogène donné.
Conventionnellement, il s'agit du plus fort événement historique connu sur le site. Cependant, en l'absence d'antécédents identifiés sur le secteur considéré, on se base :
- soit sur le plus fort événement potentiel vraisemblable à échéance centennale ou plus en cas de danger humain ;
- soit sur le plus fort événement historique, observé dans un secteur proche, présentant une configuration similaire (géologie, géomorphologie, hydrogéologie,structure).
À chaque mouvement prévisible de référence est associé un aléa de référence.
Approche par expertise
DESCRIPTION
L’évaluation de l’aléa repose sur l’expérience de l’expert à travers une approche essentiellement naturaliste. Les règles pour définir le zonage sont rarement explicitées et pour la plupart qualitatives. L’expertise reste l’approche la plus employée compte-tenu de la modicité des moyens requis.
INCONVÉNIENTS
- Peu explicite, cette approche n’autorise que rarement une critique constructive des cartes élaborées ; la comparaison des cartes réalisées par différents experts peut être de ce fait délicate ;
- Seuls les facteurs permanents (voir l'article sur les paramètres d'évaluation de l'aléa) sont généralement pris en compte ; il s’agit donc d’un zonage dans le temps et non d’un modèle spatio-temporel.
Approche statistique des événements historiques
DESCRIPTION
Elle est basée sur l’analyse en retour de phénomènes historiques connus. Il s’agit, par des traitements plus ou moins élaborés, d’extraire les facteurs de prédisposition aux mouvements de terrain (voir l'article sur les paramètres d'évaluation de l'aléa) et in fine les règles de définition des zonages.
INCONVÉNIENTS
- Nécessite d’avoir un échantillonnage représentatif pour réaliser des traitements statistiques significatifs. C’est un point particulièrement problématique qui motive le développement de bases de données exhaustives sur les mouvements de terrain.
- Seuls les facteurs permanents (voir l'article sur les paramètres d'évaluation de l'aléa) sont généralement pris en compte (non prise en compte des facteurs déclenchant).
Approche déterministe
DESCRIPTION
L’évaluation de l’aléa est basée sur une analyse mécanique de la stabilité à l’aide de modèles (modèles de stabilité) à deux ou trois dimensions. Le choix du modèle dépend des données disponibles. Le rôle des facteurs déclenchant (voir l'article sur les paramètres d'évaluation de l'aléa) est pris en compte.
INCONVÉNIENTS
Le calage des modèles de stabilité est directement dépendant de la densité et de la qualité des données disponibles.
Le choix de la méthode dépend de :
- la densité, la précision, la fiabilité des données existantes ;
- la plus ou moins grande complexité et le degré de connaissance des processus physiques en jeu, la multiplicité des paramètres intervenant ;
- l’importance des enjeux socio-économiques et humains ;
- le délai et les moyens disponibles pour fournir l’évaluation ;
- les objectifs de l’évaluation de l’aléa.
Paramètres d’évaluation de l’aléa mouvements de terrain en fonction du type de phénomène
La détermination de la probabilité d’occurrence dans un délai donné repose sur la prise en compte :
- des traces, des indices d’activité passée ou actuelle ;
- des facteurs d’instabilité permanents ( = de prédisposition ou de susceptibilité) ;
- des facteurs d’instabilité variables dans le temps (= déclenchant)
La caractérisation de l’intensité repose principalement sur les volumes mis en mouvement et leur impact potentiel sur les enjeux (dommages engendrés).
Ces paramètres dépendent du type de phénomène considéré et leur nombre est fonction de l’échelle du document cartographique (voir les rubriques par type de phénomène ci-dessus).
Les échelles d'évaluation et de cartographie de l'aléa
En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les cartographies de l’aléa mouvements de terrain existantes sont établies à des échelles variant du 1/500e au 1/1 000 000e. Ces cartographies ont été réalisées par les organismes régionaux et les bureaux d’études travaillant sur la thématique pour les besoins des services déconcentrés de l’État, des collectivités territoriales ou encore des communes. Le choix de l’échelle d’évaluation et de cartographie de l’aléa dépend avant tout du champ d’application et des objectifs assignés à cette évaluation. Les champs d’application les plus courants sont :
- l’aménagement du territoire (développement et réglementation) ;
- la préparation à la gestion de crise ;
- l’information du public.
Les échelles régionales et départementales
Les cartes d’aléa régionales ou départementales ont une échelle comprise entre le 1/50 000e et le 1/1000 000e
Objectifs :
- typologie régionale des mouvements de terrain ;
- documents d’information ;
- identifier les zones à risque pour orienter des études plus approfondies ;
- inventaires départementaux et régionaux.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur :
- carte de l’aléa mouvements de terrain à l’échelle du millionième sur la région ;
- carte régionale de l’aléa mouvements de terrain au 1/100 000e ;
- cartographie des instabilités côtières disponible au 1/100 000e sur l’ensemble du linéaire côtier ;
- cartes de l’aléa retrait-gonflement des sols argileux au 1/50 000e.
Pour aller plus loin : Voir l'article sur la cartographie régionale de l'aléa
L’échelle du bassin de risque
Les cartes d’aléa d’un bassin de risque ont une échelle généralement comprise entre le 1/25 000e et le 1/50 000e.
Objectifs :
- pré-analyse de l’aléa ;
- identification des zones à investiguer en détail ;
- définition d’outils et de typologie adaptés au contexte.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur :
- cartes de l’aléa mouvements de terrain au 1/50 000e et au 1/25 000e sur les bassins de la Roya (06) et du Bas-Büech (05) ;
- cartographie de l’aléa chute de blocs et du risque rocheux sur le site du Conservatoire du littoral de la Côte bleue (Bouches-du-Rhône - 13) au 1/25 000e ;
- actualisation des connaissances et cartographie de l'aléa instabilités de falaises côtières sur le littoral des Bouches-du-Rhône AU 1/25 000e et au 1/10 000e sur les zones à enjeux.
Pour aller plus loin : Voir l'article sur la cartographie à l'échelle d'un bassin de risque
L’échelle de la commune
Les cartes d’aléa communales ont une échelle généralement comprise entre le 1/5 000e et le 1/10 000e.
Objectifs :
- base pour l’établissement des cartes réglementaires (ex : PPR, voir l'article consacré aux PPR) ;
- outils d’aide à la décision.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur :
- voir la carte d'avancement des PPR mouvements de terrain en région PACA
Pour aller plus loin : Voir l'article sur la cartographie à l'échelle communale
L’échelle du site
Les études géotechniques “de site” ont une échelle allant du 1/5 00e au 1/5 000e
Objectifs :
- déterminer et calibrer le type de parades à mettre en oeuvre ;
- améliorer la connaissance.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur :
- études locales menées ponctuellement à la demande de l’État, de la commune, ou d'un concessionnaire (ex : ESCOTA, Massacan, Sormiou, etc...) ou de maîtres d'ouvrages privés.
Pour aller plus loin : Voir l'article sur la cartographie à l'échelle d'un site
L’emboitement des différentes échelles
Les différentes échelles de considération de l’aléa ne sont pas indépendantes les unes des autres mais “emboitées”. En partant de l’échelle régionale ou départementale, il est possible de délimiter des bassins de risque et d’orienter l’évaluation locale de l’aléa vers les secteurs prioritaires en définissant notamment les besoins en cartographie réglementaire (PPR). Actuellement, la plupart des méthodes d’évaluation de l’aléa se base sur une analyse intégrant différentes échelles et “zooment” progressivement d’une échelle “large” vers une échelle plus “fine”.
L’évaluation de l’aléa au 1/5 000e et au 1/10 000e pour les documents réglementaires doit tenir compte, la plupart du temps, d’un contexte dépassant le cadre communal. En effet, les mouvements de terrain peuvent être liés à des mécanismes, notamment hydriques, à considérer sur l’ensemble d’un versant ou d’un bassin versant indépendamment des limites territoriales. La pré-analyse au niveau du bassin de risque permet de définir les zones sur lesquelles les investigations doivent être poussées et de réduire ainsi les coûts des études. Les documents réglementaires délimitent ensuite les secteurs où des études détaillées de site doivent être menées.
Les instabilités de falaises côtières
Le phénomène d'instabilités de falaises côtières a été étudié dans le cadre du projet de recherche VALSE (2012-2015)
Projet de recherche VALSE (Thèse , approche sociologique et Actions locales) : Vulnérabilité et Adaptation pour Les Sociétés face aux Érosions de falaises côtières en région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) : 2012-2015. (Collaboration entre BRGM, Université de Nice Sophia Antipolis (Géoazur), Université Aix-Marseille (CEREGE, LPED).
Ce projet a eu pour objectifs d’améliorer la compréhension des processus mécaniques d’érosion dans l’évaluation d’une loi probabiliste mettant en évidence le recul du trait de côte rocheux de la région PACA, en intégrant la dimension sociale de la vulnérabilité et de l’adaptabilité des sociétés et des territoires en questions face aux changements globaux.
Pour aller plus loin :
Exemples de productions de cartographies d'aléa en région Provence Alpes Côte d'Azur
Cartographie régionale de l'aléa mouvements de terrain
Une première cartographie à l’échelle du millionième a été menée en région Provence- Alpes-Côte d’Azur en 1999. Cette cartographie, très synthétique, a été suivie par une cartographie régionale plus fine à l’échelle du 1/100 000e. Ces cartes ont un but d’information sur l’aléa à l’échelle régionale pour le grand public et les gestionnaires, et servent de support pour orienter des études plus fines sur les secteurs sensibles identifiés.
Cartographie de l’aléa mouvements de terrain au 1/1 000 000e sur la région Provence Alpes-Côte d'Azur
Méthode utilisée :
- approche statistique.
Typologie : trois phénomènes :
- les glissements de terrain,
- les chutes de blocs et éboulements,
- les effondrements de cavités souterraines.
Facteurs d’instabilité retenus pour estimer la probabilité d’occurrence :
- la pente topographique (faible, moyenne, forte) ;
- la nature lithologique (niveau de susceptibilité)
Remarques :
- ne prend pas en compte l’intensité de l’aléa ;
- les facteurs d’instabilité variables dans le temps ne sont pas pris en compte.
Pour aller plus loin :
Cartographie de l’aléa mouvement de terrain sur le littoral de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur
L’étude de l’aléa liée aux falaises côtières sur la région Provence-Alpes-Côte d'Azur s’inscrit dans le CPER 2000-2006. Cette opération a comporté 3 phases :
Année 1 : État des connaissances et définition des aléas liés à l’instabilité des falaises côtières (en fonction de la géologie et de la morphologie)
Les observations de terrain ont permis de caractériser plusieurs types d'instabilités et d'érosion se produisant sur les falaises côtières de la région.
L’aléa a été qualifié en termes d’intensité en fonction de nombreux critères (la morphologie, la géologie, les circulations d’eau, la structure de la roche, la fracturation, l’action marine).
Des secteurs jugés sensibles en termes d’aléa ont ainsi été mis en évidence.
Année 2 : Définition des enjeux et hiérarchisation du risque instabilité de falaises
En croisant l’aléa avec les enjeux, le risque a pu être évalué et hiérarchisé sur l’ensemble du linéaire côtier régional.
Ainsi, sur l’ensemble du littoral rocheux de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur , y compris celui de l’Étang de Berre et des îles habitées,des planches de synthèse reprennent les caractéristiques géologiques et les éventuelles instabilités de la falaise,ainsi qu’une qualification de l’aléa,du risque et des références aux études géotechniques ponctuelles déjà effectuées.
Année 3 : Proposition de parades et de schémas types d’aménagements sur 4 sites identifiés.
Les résultats d’une enquête de perception du risque par les usagers, réalisée au cours de l’étude, a permis une approche qualitative de la caractérisation de la vulnérabilité pouvant s’inscrire dans une politique de gestion du risque à l’échelle d’une commune littorale.
Pour aller plus loin :
Cartographie de l'aléa mouvement de terrain sur la littoral des Bouches-du-Rhône - Actions 2011 - 2014
Le département des Bouches-du-Rhône compte 362 km de littoral dont 41 km de littoral insulaire (Frioul, Maïre, Riou, Ile Verte pour les plus grandes), auxquels il faut ajouter les 78 km de littoral de l’Etang de Berre. Ce littoral est composé à 70 % de côtes basses (sableuses ou rocheuses généralement inférieures à 2 m de hauteur), les 30 % restants étant des côtes rocheuses généralement à falaises.
Compte-tenu de l'importance touristique de cette partie du littoral provençal, ce dernier est de plus en plus confronté au problème de l’érosion des falaises, avec des questions qui se posent sur la réalisation ou non de travaux coûteux de protection dans un souci d’aménagement. Cette érosion se traduit par un aléa instabilités de falaise, plus ou moins fort selon les zones du littoral.
Une première étude réalisée par le BRGM entre 2004 et 2007 a permis de faire un état de l’érosion des falaises côtières de l’ensemble du littoral de la région PACA, y compris des îles habitées, ainsi que du littoral de l’étang de Berre.
Une deuxième étude réalisée par le BRGM entre 2011 et 2014, a permis l’actualisation des connaissances et de la cartographie de l’aléa instabilité des falaises côtières plus spécifiquement sur les Bouches du Rhône.
Ayant pour objectif d’orienter les gestionnaires dans leur mission de prévention des risques naturels, cette étude a été effectuée à une échelle régionale (1/100 000e avec une validité 1/50 000e liée à la validité de la donnée de base de la carte géologique du BRGM au 1/50 000e). Elle a permis de qualifier l’aléa instabilités sur les 362 km de côte du département des Bouches-du-Rhône. Ainsi, sur les 100 km de côte rocheuse identifiées, près de 50 % sont qualifiées en aléa faible, 30 % en aléa moyen et 20 % en aléa fort.
La cartographie de l’aléa sur certaines zones à enjeux a pu être affinée avec une précision au 1/10 000e.
Le programme s’est déroulé selon 3 phases de travail successives, ayant eu chacune des objectifs techniques spécifiques dont les résultats ont été discutés puis validés au cours de comités de pilotage BRGM-DDTM13 :
- Phase 1: Actualisation des connaissances
- Phase 2 : Investigation terrain pour qualification aléa
- Phase 3 : Travail de synthèse.
Pour aller plus loin :
Evaluation du risque
Principes généraux de l'évaluation du risque
Le risque est défini comme le croisement entre l’aléa et la vulnérabilité des enjeux.
Cependant, dans le cas des mouvements de terrain, la vulnérabilité est difficile à qualifier car les interactions entre les éléments exposés et les phénomènes qui peuvent les endommager sont complexes. Ainsi, pour la plupart des cartographies à petite échelle (au-delà du 1/100 000e), l’évaluation du risque mouvements de terrain, résulte de la superposition de l’aléa avec les enjeux sans tenir compte de leur vulnérabilité.
Comment détermine-t-on le risque ?
Le risque se définit comme la rencontre entre un aléa et un enjeu vulnérable. L’aléa correspond à la probabilité pour un lieu d’être exposé à un événement donné. La vulnérabilité des enjeux exprime la gravité des effets et des conséquences en cas d'événement.
Actuellement, les connaissances scientifiques et les développements méthodologiques ne sont pas suffisants pour quantifier objectivement la vulnérabilité des enjeux aux mouvements de terrain.
L’évaluation du risque mouvements de terrain se résume alors, dans la majorité des cas, à la superposition de l’aléa et des enjeux identifiés en un lieu donné (voir l'article sur les axes d'étude sur l'évaluation du risque).
Le risque est qualifié (nul, faible, moyen, fort) mais non quantifié (niveaux de dommages).
Pour les mouvements de terrain, l'évaluation de l'endommagement est difficile car d'une part, les interactions mouvements de terrain / éléments exposés sont complexes et souvent de type “tout ou rien". D'autre part, la notion d'intensité de l'aléa n'est pas encore clairement définie. Il n’existe pas une définition unique de l’intensité.
La détermination des dysfonctionnements quant à elle est indépendante du phénomène pris en compte. Ainsi les travaux et méthodes développés pour les inondations et les séismes peuvent être repris.
Les principaux axes d’étude en matière d’évaluation des risques concernent la caractérisation de la vulnérabilité et le développement de scénarios de risque.
Des projets ont été menés en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour améliorer la connaissance sur la vulnérabilité des enjeux vis-à-vis des mouvements de terrain. Le premier, localisé sur la commune de Marseille, s’est attaché à définir des échelles de dommages potentiels causés par les mouvements de terrain, le second, localisé sur le littoral Provence-Alpes-Côte d’Azur, a cherché à estimer la perception du risque lié aux mouvements de terrain par la population.
Scénario de risque mouvements de terrain en milieu urbain – Application à la ville de Marseille
Ce projet s’inscrit dans une étude globale de développement d’une méthodologie générique d’évaluation des risques liés aux mouvements de terrain dans les agglomérations urbaines. La ville de Marseille a été choisie pour tester et calibrer la méthode.
En quantifiant l’aléa en termes d’intensité et de fréquence ainsi que les interactions existant entre les phénomènes et les enjeux exposés, la méthodologie proposée permet in fine d’exprimer dans une carte unique les dommages attendus sur les 100 prochaines années en euros / hectares tous phénomènes et tous enjeux confondus.
La compréhension de la perception d’un risque par la population est essentielle pour élaborer des méthodes de gestion du risque adaptées aux besoins sociaux.
La perception du risque par la population est une des composantes de la vulnérabilité. Or, dans le cadre de l'évaluation des risques, cette partie est rarement étudiée.
Sur la commune de Carry-le-Rouet, une enquête de perception du risque a été réalisée auprès des usagers du littoral. Les résultats de cette enquête montrent que l'appropriation du littoral est différente selon les activités des usagers et le déni du risque est quotidien.
Ces résultats ont été intégrés dans l’analyse d’évaluation de la vulnérabilité en tant que composante du risque sur la commune de Carry-le-Rouet.
L’objectif final était de proposer une approche méthodologique de gestion du risque à l’échelle communale qui intègre cette analyse socio-économique notamment en termes de coût-avantage. Une des conclusions est que l’évaluation du risque ne se limite pas à un volet, mais que tous les champs doivent être évalués : champs de l’aléa, enjeux et approche socioéconomique du risque.
Prévention du risque
La prévention des risques naturels majeurs et technologiques s'appuie sur un cadre législatif et réglementaire qui a notamment créé des outils opérationnels pour la prévention des risques majeurs et précisé le rôle des acteurs.
Cadre de la prévention
En savoir plus sur les outils à disposition ...
Outil de remontées d’information de terrain sur les mouvements de terrain : application mobile
Le développement d’un Observatoire Régional des Risques Majeurs en PACA (ORRM PACA) et les travaux sur la thématique des risques réalisés ces 20 dernières années ont mis en évidence un besoin local et une opportunité en termes d’information issue du terrain en cas de survenue d’événements consécutifs à des événements météo intenses (mouvements de terrain notamment). En effet, aujourd’hui seules des études d’inventaires départementaux et les phases de mise à jour par département permettent une saisie d’événement dans les Bases de données telles que par exemple BD MVT disponible sur Géorisques et visible sur l’outil cartographique RiskPACA de l’ORRM, ces projets étant généralement menés par le BRGM en collaboration avec les partenaires RTM, Cerema, … En 2014, un premier outil a été créé pour la saisie par les agents des collectivités locales, et les services techniques de terrain, voire du citoyen (spectateur ou directement concerné par l’événement) dans un objectif de devenir acteur à terme de la prévention.
L’objectif dans le cadre du PITEM Risk-GEST était d’améliorer cet outil de saisie sur le terrain, avec le développement d'une interface de consultation des données saisies pour à termes avoir la possibilité de bancariser ces données après validation.
A ce stade des développements d’amélioration de l’outil, le travail a consisté à basculer de l’ancienne application mobile Collector (ARCGIS ) à l’application Field Maps (ArcGIS), qui fait appel à des technologies plus performantes, d’un point de vue fonctionnalités et rapidité. Des tests sur le terrain restent à faire avant de passer d’un prototype à une version opérationelle pour tous
L’objectif de ces développements est qu’à termes,un événement observé par un agent technique (collectivité, administration, autre), soit alors décrit selon un mode opératoire défini (champs à remplir), puis déposé pour consultation via internet sur le site de l’ORRM, validé (par un comité de validation composé de référents des organismes en charge des BDD Evènements : BDD Mvts, …), et enfin capitalisé dans une base de données spécifique.
Pour en savoir plus ...
Outil d’évaluation des conséquences socio-économiques de l’enclavement des vallées
Les vallées des Hautes-Alpes sont exposées à de forts risques naturels, qu’il s’agisse de mouvements de terrain (coulées de boue, glissements de terrain, éboulements etc...) ou d’inondations de type crues torrentielles. Ces phénomènes peuvent être de grande ampleur, avec des enjeux de vulnérabilité importants (bourg d’habitations, accès routier d’importance départementale, nationale, voire axes routiers transfrontaliers). Une des conséquences est l’enclavement de ces territoires de montagne, qui se retrouvent coupés du monde.
Plusieurs événements de sécurité civile ont marqué les vallées des Hautes-Alpes, et ont eu des conséquences socio-économiques importantes, notamment dans la Vallée de la Clarée et du Guil.
Le Conseil Départemental des Hautes-Alpes et le BRGM avec l’aide du cabinet Penons Conseils et de l’Université de Gap, ont analysé les conséquences socio-économiques de deux événements de sécurité civile liées à l’enclavement des vallées, lié à un événement ponctuel et quel que soit le type de phénomène (glissement de terrain, coulée de boue, crues torrentielles etc....).
A partir de différents scenario sur les deux vallées, ils a été mis en place une méthodologie visant à :
Evaluer la nature des impacts et calculer les dommages directs et indirects associés à l’interruption des voies de communication ;
Evaluer les bénéfices de chaque intervention ;
Observer les stratégies d’adaptation individuelles et collectives mise en place sur le territoire.
La série d’entretiens semi-directifs auprès des acteurs économiques des deux Vallées (Clarée et Guil), a permis de réaliser un outil d’analyse économique et de s’interroger sur les décisions politiques de construction ou non d’ouvrages de travaux publics.
Un atelier de restitution et d’échange avec les entreprises concernées a eu lieu le 8 décembre 2022 à Névache (vallée de la Clarée).
Une synthèse d el’ensemble de l’étude est en cours de rédaction et sera disponible à la fin du projet Risk-ACT et présentée au cours d’une séminaire de clôture les 13, 14 et 15 mars 2022 à Aoste.
Ce travail est directement utilisable par les acteurs de la gestion des risques et la méthodologie transposable à d’autres territoires.
Pour en savoir plus..
Focus Group sur la communication des risques en montagne
Ce travail a permis de fournir des éléments de compréhension sociologique et géographique du degré de connaissance des risques naturels en montagne par les acteurs du territoire, et de façon corolaire, de leur besoin en termes d’information et de communication.
Les questions de prévention des risques et de gestion de crise ont été appréhendées dans leur articulation et non pas comme des processus totalement distincts.
Deux focus adaptés en termes d’organisation compte tenue de la pandémie de COVID, ont été réalisés sur le thème des mouvements de terrain dans le département des Hautes-Alpes du fait de :
- (1) un actuel déficit qu’il convient de combler de travaux interdisciplinaires appliqués sur ce type d’aléa dans ce département,
- (2) l’expertise forte du BRGM sur cet aléa qui permet d’appuyer le processus de concertation sur des données géologiques actualisées.
Deux études de cas concrètes ont ainsi été traitées :
- Les mouvements de terrain affectant les routes départementale D902 et D947 dans le Guillestrois-Queyras (deux zones sensibles en particulier : les gorges du Guil et le Pas de l’Ours).
- Les mouvements de terrain affectant les zones urbanisées de la commune d’Embrun, le quartier Belotte étant actuellement le plus touché.
- Le choix de ces études de cas a permis de mettre en regard deux types de profils des territoires de montagne, en croisant les données de phénomènes avec les données de types : zones urbaine versus rurale, vulnérabilité d’une zone d’habitat versus d’un réseau de circulation, accessibilité versus « enclavement »…
Les résultats montrent :
- Pour les habitants: une habitude et une identité territoriale plus fortes que la peur, une auto-gestion de la circulation de l’information par les réseaux sociaux, bouche à oreilles, appels de phares...
- Pour les touristes: le recours à l’information institutionnelle, principalement par les panneaux Inforoute
- Pour tous: une confiance dans les dispositifs techniques de protection (écrans, filets, contreforts…)
Ces résultats, une fois communiqués aux gestionnaires des risques, doivent permettre d’alimenter la réflexion sur l’amélioration continue des procéssus de communication sur les risques naturels.
Ce travail a été comparé à l’approche italienne au cours d’un atelier qui s’est tenu à Barcelonnette le 18 novembre 2021 (document téléchargeable ci-dessous).
Les résultats de cette étude ont également été intégrés au document stratégique sur la communication des risques (document téléchargeable ci-dessous).
Protection contre le risque
Les protections à mettre en place dépendent des types de phénomènes (voir les rubriques par type de phénomène).